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Planète Bleue
23 novembre 2006

Une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon

En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Telle est la conclusion d'une étude rendue publique en conseil des ministres par Catherine Vautrin, ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité, mercredi 22 novembre, quelques jours avant la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, samedi 25.

DÉCÈS.

Depuis le 1er janvier, 113 morts violentes ont été recensées au sein de couples ou d'ex-couples. "Près de 1/7e des décès sur le plan national sont commis dans la sphère privée", souligne l'étude. Les femmes représentent 83 % des victimes. Dans les cas de décès masculins, 66 % des femmes meurtrières avaient subi des violences conjugales.

INACTIVITÉ ET ALCOOL.

Dans plus de la moitié des cas, les auteurs n'avaient pas d'activité professionnelle : ils étaient retraités, chômeurs, en arrêt maladie ou en invalidité. Dans un quart des dossiers, il étaient sous l'emprise de l'alcool.
"Le constat est dramatique, souligne Mme Vautrin. Les victimes, qui, contrairement à ce que l'on pense parfois, viennent de tous les milieux, ont souvent peur de parler. Pour les encourager à sortir du silence, nous allons lancer ces jours-ci une campagne de sensibilisation sur les violences conjugales et créer dès le début de l'année prochaine un numéro d'appel unique pour les victimes."

La justice commence à prendre la mesure de ces violences. Le procureur de Douai, qui a instauré en 2003 une politique de "tolérance zéro", fait figure de précurseur : les hommes violents sont systématiquement placés en garde à vue et nombre d'entre eux sont placés pendant quinze jours dans un foyer où ils sont tenus de participer à des groupes de parole.

"L'outil essentiel pour la prise en charge des sujets violents est la technique de groupe, notait le psychiatre Roland Coutanceau dans un rapport remis en 2005 à Mme Vautrin. Ces sujets, décrits comme banalisant les faits de violence, sont en quelque sorte "condamnés" à écouter d'autres un peu plus avancés sur le chemin de la réflexion, de la compréhension, de la capacité à exprimer leurs propres émotions."

Plusieurs parquets se sont inspirés de ces expériences. A Senlis, le procureur a instauré un système d'alternatives aux poursuites : si les violences sont légères, le parquet classe le dossier à condition que le mari participe à cinq séances d'une demi-journée. " Depuis le début de l'année, nous avons organisé trois stages qui ont réuni une cinquantaine de personnes, explique le procureur, Thierry Pocquet du Haut-Jussé. Grâce à ces groupes de parole qui sont animés par un psychologue et un juriste, beaucoup d'hommes se remettent en cause et réfléchissent à leur comportement."

Depuis le début de l'année, le parquet de Bordeaux a, lui aussi, recours à des "stages de citoyenneté". Dans le cadre des alternatives aux poursuites, les hommes violents doivent participer, pendant cinq semaines, à des groupes de parole de deux heures.

"Le cadre impose des règles précises, explique Philippe-Pierre Tedo, psychothérapeute de groupe pour une association bordelaise (l'ARESCJ). Ils payent 220 euros de leur poche, ils respectent la parole des autres, ils arrivent et repartent à heure fixe. Ces groupes réunissent des hommes de toutes origines sociales : dans le dernier, il y avait un RMiste, deux ouvriers, un enseignant et un chef d'entreprise."

Au cours de ces "stages", certains hommes violents parviennent à mettre des mots sur leurs actes. "Le groupe est la seule manière de les faire parler d'eux, poursuit M. Tedo. Ils évoquent la misère de leurs antécédents, leur passé de violence et, très vite, ils reconnaissent leurs actes et arrêtent de dire que tout est la faute de leur femme. Si l'histoire de leur couple a basculé dans la violence, c'est parce qu'aucun des deux n'a pu analyser la situation, parler, réfléchir." Le dossier est classé par le parquet à la fin du stage, mais, s'ils récidivent dans les trois mois, ils sont poursuivis.

Pour accueillir les victimes, le ministère avait décidé, en novembre 2005, de créer des familles d'accueil pour les femmes battues. Un an plus tard, le système commence tout juste à s'installer : la Réunion compte sept familles d'accueil et les départements de la Drôme et de l'Ardèche quatre. "Certaines femmes y restent quelques jours, d'autres cinq mois, précise le directeur de la Ddass de la Drôme, Alain Parodi. Cela leur permet de faire une pause." L'idée est de recréer un environnement familial autour de la victime. "Il y a, dans ce type d'accueil, une chaleur et une convivialité qui peuvent favoriser le dialogue, note Yves Zoogones, le directeur de l'association réunionnaise d'éducation populaire. Certaines de ces familles d'accueil ont été confrontées dans le passé à la violence, et elles ont une certaine empathie avec les victimes."

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