Faut-il interdire le youpala ?

aut-il vraiment crier haro sur les trotteurs, baby-trot et autres youpalas ? Une étude publiée en décembre 2006 dans les Archives de pédiatrie (disponible sur le site Internet de la Société française de pédiatrie) recommande purement et simplement de "bannir" ces produits à roulettes "insécuritaires et dangereux". Ce loisir pour les tout-petits serait à l'origine de onze cas d'accident de vie courante sur mille.

Pour parvenir à ces chiffres et à cette conclusion sans appel, le docteur Isabelle Claudet, responsable des urgences médicales pédiatriques au centre hospitalo-universitaire (CHU) de Toulouse, et son équipe ont mené une analyse épidémiologique des accidents de trotteur admis dans leur service pendant trois ans. Résultat : 178 enfants de sept à douze mois - majoritairement des petits garçons - se sont cassé la figure avec leur trotteur et ont été amenés aux urgences toulousaines. Fort heureusement, dans 72 % des cas il ne s'agissait que d'un traumatisme crânien léger. Néanmoins, 12 % de ces casse-cou ont dû être hospitalisés pour commotion cérébrale (15 cas), fracture du crâne (3), hématome extradural (1), fracture de l'avant-bras (1), luxation dentaire (1).

Que s'est-il passé ? En fait, relève l'étude, dans 17 % des cas l'enfant a basculé tête la première par-dessus son trotteur et dans 78 % des cas l'accident a impliqué... des escaliers. En Haute-Garonne, l'habitat des familles est "dominé par la maison", précisent les auteurs de l'enquête. Ravi de se tenir debout grâce à son baby-trot, le galopin aurait tendance à avoir envie de tester son engin pour descendre des marches...

Et pendant ce temps, que faisaient les parents ? L'étude répond qu'ils préparaient le repas ou mangeaient, les pics d'accidents survenant entre 10 heures - 13 heures et 16heures - 19 heures. Le trotteur serait donc trop souvent utilisé comme "instrument de liberté parentale". Plus inquiétant, chez 15 % des enfants concernés, les médecins ont relevé un "problème social" cachant des négligences, les enfants ayant déjà été victimes d'autres types d'accidents domestiques.

Faut-il pour autant interdire le trotteur comme l'a fait le Canada depuis 2004 ? "L'abandon de son utilisation représente la méthode préventive la plus efficace" (sic), conclut l'étude. Et quid des barrières de protection pour éviter les chutes des tout-petits dans les escaliers ? Et puis faudra-t-il un jour recommander de bannir les chaises hautes, les barbecues, les Cocotte-Minute - autant d'objets à l'origine, eux aussi, d'accidents de la vie courante ?...