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Planète Bleue
14 mars 2007

Discrimination raciste à l'embauche quatre fois sur cinq

Quand ils ont le choix, 78,7% des employeurs favorisent le candidat "d'origine hexagonale ancienne" par rapport à ceux d'origine maghrébine ou noire africaine: c'est le résultat édifiant d'une étude du Bureau international du travail, qui a "testé" 2440 offres d'emploi

Pessin_Ne_dis_pas

a discrimination à l'embauche vient d'être mesurée par un vaste enquête, à base de testings, du Bureau international du travail (BIT), coordonnée avec le ministère de l'Emploi, entre fin 2005 et mi-2006, et publiée mercredi. Ses résultants sont édifiants: près de quatre fois sur cinq, un employeur français préfère embaucher un candidat "d'origine hexagonale ancienne" plutôt que son collègue d'origine maghrébine ou noire africaine.

Mensonges basiques, formes plus sournoises...
Les employeurs testés ont très nettement discriminé les candidats minoritaires (d'origine maghrébine ou noire africaine) et seulement 11% des employeurs ont respecté tout au long du processus de recrutement une égalité de traitement entre les deux candidats, indique le BIT. "Près de 90% de la discrimination globale est enregistrée avant même que les employeurs ne se soient donné la peine de recevoir les deux testeurs en entrevue", souligne le BIT.

Florilège des discriminations relevées par le BIT, du mensonge basique ("le poste est déjà pourvu") à la réponse embrouillée ("rappelez-moi en fin de semaine, on est quel jour ? ...on est vendredi...euh oui donc, rappelez-moi la semaine prochaine pour voir s'il y a du changement."). Une autre forme, "assez sournoise" de discrimination, consiste à mettre en attente le candidat discriminé ("envoyez un CV", "rappelez" ou "on vous rappellera") tandis que le candidat "d'origine hexagonale ancienne" reçoit une proposition d'entretien.

Au final, lorsque les employeurs ont le choix, près de quatre fois sur cinq (78,7%) ils favorisent le candidat majoritaire, baptisé pour l'expérience Julien Roche ou Jérôme Moulin pour les hommes, Marion Roche ou Emilie Moulin pour les femmes. Dans l'enquête, les autres candidats sont tout aussi français. Ils ont un CV rigoureusement équivalent en termes de scolarité, formation, qualifications, expérience, mobilité, résidence, et se distinguent uniquement par un nom et un prénom à consonance maghrébine, comme Kader Larbi, Farid Boukhrit, ou noire africaine, Aminata Bongo ou Binta Traoré.

2440 offres d'emploi ont été testées à Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Paris et Strasbourg, le BIT ayant recours à des étudiants ou des comédiens, de 20 à 25 ans, dûment formés pour l'exercice. Ils ont répondu à des offres de basses et moyennes-basses qualifications, dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, de la vente, du commerce et d'autres domaines comme les services à la personne, transports, accueil, etc. Les vrais faux candidats ont téléphoné, envoyé un CV ou se sont présentés directement.

Un cas de discrimination inversée
Parfois, malgré un rendez-vous, la discrimination a quand même eu lieu, certains employeurs faisant croire au candidat discriminé qu'il est refusé sous prétexte qu'il habite loin. Un seul test a eu pour résultat une discrimination à l'encontre d'un candidat prénommé Julien et intéressé par un poste de serveur. L'employeur a retenu le vrai faux Farid Boukhrit, après lui avoir posé une foule de questions sur ses origines et sa religion "parce que, lui a-t-il dit, j'ai un cuisinier originaire de Sétif qui visiblement n'accepte pas tellement les musulmans non pratiquants".

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