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Planète Bleue
19 septembre 2006

Les professionnels défendent les maigres

Plusieurs professionnels parisiens de la mode déplorent la minceur de plus en plus extrême exigée des mannequins mais jugent inutile toute mesure d'interdiction de défilés pour cause de maigreur.

"Les filles sont de plus en plus maigres et fines. Dans les années 80, il y avait plus de femmes voluptueuses et sensuelles", reconnaît, sous couvert d'anonymat, un responsable d'une grande agence de mannequins, chargé du recrutement des "tops". "A un moment, on ne pourra pas faire encore plus maigre", ajoute-t-il, affirmant souhaiter qu'"on revienne à des femmes plus sensuelles".

Selon lui, "le poids n'a rien à voir" dans le choix des mannequins, et une interdiction de défiler pour cause de maigreur, comme celle qui vient d'être édictée par les autorités régionales madrilènes, n'a aucun sens.

"On regarde une fille dans son ensemble, on ne regarde jamais le poids", l'essentiel étant "l'harmonie générale" de la silhouette, affirme ce recruteur. Cependant, "on leur demande de respecter leur corps, de ne pas prendre trop de poids", admet-il.

Selon lui, la responsabilité de la minceur excessive de certains mannequins incombe aux créateurs et les agences "essaient de respecter au mieux les créateurs et de respecter les mannequins".

"On ne connaît même pas le poids", le critère c'est "90 cm de tour de hanche", affirme Karen Pfrunder, directrice de casting pour la société Reflex Event, spécialisée dans l'organisation de défilés. "Quand on a 1,80m, c'est plus difficile d'avoir 90 cm de hanche", admet-elle. Mais "la mode est comme ça, elle a toujours été comme ça!".

Jean Paul Gaultier comme John Galliano ont fait à l'occasion défiler des femmes aux silhouettes inédites sur les podiums et le couturier Dominique Sirop dénonce avec force "ces mannequins qui s'aspirent de l'intérieur".

Mais globalement, "maigreur reste synonyme d'élégance, et ça n'est pas près de changer", déplore Sylvie Fabrégon, responsable du département Plus (consacré aux "rondes") de l'agence de mannequins Contrebande. Les agences "choisissent des filles très grandes, très fines, pour que l'habit tombe mieux" et pour répondre aux demandes des stylistes et des annonceurs.

Il est vrai qu'"il n'y a pas de critères en termes de poids, mais il faut pouvoir rentrer dans un 34-36 et faire 1,75 mètre et plus", s'indigne-t-elle. "Une fille qui va prendre trois kilos, les clients ne vont plus la vouloir" et son "bookeur" va alors "essayer de lui dire gentiment qu'il faut qu'elle maigrisse un peu".

"Si les agences prennent des rondes, les créateurs iront chercher des mannequins ailleurs, plus maigres, et les gens n'achèteront plus", estime-t-elle.

"Les mannequins sont plus maigres qu'il y a vingt ans", époque où elles étaient "des stars" au même titre que les actrices de cinéma, selon Mme Fabrégon. Les plus pulpeuses ne sont admises que dans la mesure où "elles ont quelque chose en plus que le physique", comme Laetitia Casta, qu' "on n'emmerde pas" en lui disant: "maigris !", ajoute-t-elle.

Selon les résultats de la campagne nationale de mensuration 2003/2004 rendus publics en février, la Française moyenne mesure 162,5 cm et pèse 62,4 kg.

Mme Fabrégon juge cependant "ridicule" une éventuelle interdiction de défiler pour les mannequins jugés trop maigres: "Ca ne changera rien" et ce n'est "pas malin non plus car c'est leur gagne-pain".

Selon elle, il faudrait que "dans les magazines, on ose dire: "regardez comme c'est moche", en montrant la photo d'un mannequin trop maigre plutôt que d'affirmer qu'"avant l'été il faut perdre 3 à 5 kilos".

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