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Planète Bleue
23 août 2006

Protéger le littoral

La frénésie de construction qui édifie sur les côtes de l'Espagne un véritable mur de briques et de béton illustre, jusqu'à l'outrance, la difficulté, voire l'incapacité, des Européens à admettre que le littoral est une ressource rare, non renouvelable, qu'il faut protéger. Pour la première fois en juillet, l'Agence européenne de l'environnement (AEE) a publié un rapport qui souligne que, malgré les politiques de protection, "les écosystèmes côtiers subissent toujours autant de changements nuisibles et irréversibles". Le sud de l'Union - mais aussi l'Irlande - est particulièrement touché.

La plage de Pudrimel près de Murcie, en juin dernier. | AFP/PEDRO ARMESTRE                           
                           La plage de Pudrimel près de Murcie, en juin dernier.


L'attrait pour le littoral est accentué par le développement du tourisme et des possibilités de transport, alliés à l'héliotropisme et au vieillissement de la population : en France, les départements littoraux pourraient accueillir 3,4 millions d'habitants de plus d'ici à 2030. L'Hexagone, au demeurant, n'est pas le pays le plus en retard pour la protection de ses côtes. Il dispose de deux outils principaux, parfois considérés comme des exemples : la loi littoral de 1986 limite l'urbanisation et le Conservatoire du littoral, créé en 1975, préserve les terrains acquis (10 % du littoral aujourd'hui, avec pour objectif d'en protéger un tiers en 2050).

Mais, dans la course contre la montre entre protecteurs et bétonneurs, ces deux outils parviennent à ralentir les seconds, non à les stopper. Au point que certains experts soulignent que l'horizon prévisible est désormais un "continuum urbain" sur le rivage, en dehors des coupures vertes assurées par le Conservatoire du littoral. En Corse, le débat est redevenu brûlant depuis que le président de l'Assemblée territoriale, Camille de Rocca-Serra (UMP), a affirmé sa volonté de "désanctuariser" les côtes pour favoriser le tourisme.

C'est en effet un raisonnement économique qui conduit souvent les élus à soutenir les projets de promoteurs motivés, pour leur part, par un intérêt financier immédiat. Un raisonnement économique qui se révèle, lui aussi, en partie à courte vue. Le bétonnage des côtes est l'inverse du développement durable puisqu'il détruit irrémédiablement ce qui est consommé. Alors même que les touristes commencent à demander autre chose que des côtes bétonnées, il est paradoxal de constater que, malgré les efforts des associations et de certains élus - qui ont compris où était l'intérêt à long terme de la collectivité -, l'urbanisation continue.

Il est possible d'associer développement et préservation de l'environnement. A condition de le vouloir. Et de limiter les appétits purement spéculatifs d'une partie des acteurs du dossier. L'Union européenne n'est pas inactive, mais elle ne peut procéder que par incitations. La protection des côtes reste du ressort des Etats. Il faut donc souhaiter que Bruxelles aide davantage les membres de l'Union à accélérer une prise de conscience encore insuffisante.

   
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