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Planète Bleue
25 août 2006

Le sport, bon pour la santé ?

Qui a dit que le sport était bon pour la santé ? Alors que l'on recommande chaudement de pratiquer régulièrement du sport pour rester en forme et même accroître son espérance de vie, 3 % des hospitalisations, 5 % des séances de rééducation et 10 % des journées d'arrêt de travail sont dus aux pratiques sportives.

Même sans dopage, trop de sport nuit à la santé.  

"La confusion entre un corps performant et un corps en bonne santé est sciemment entretenue par le lobby industriel sportif" s'indigne ainsi Frédéric Roux dans son livre "Hyperman, pour une morale génétiquement modifiée" (Bourin éditeur).

Un tiers des joggeurs victimes de traumatismes

Or, le sport de haut niveau est rarement source de bien-être. Il suffit de lire la liste des blessés des clubs de football pour s'en rendre compte : déchirure des ligaments, fractures, tendinites, luxations, lésions musculaires…

"Le sport creuse le trou de la Sécurité sociale davantage qu'il ne le comble", ajoute Frédéric Roux. Et le sport de compétition n'est de loin pas le seul touché : un tiers des coureurs sur route déclarent subir un traumatisme lié à leur sport au cours d'une année.

Un entraînement intensif tôt chez l'enfant favorise les carences hormonales.

Surpuissance et surentraînement

Il faut dire que depuis plusieurs années, la plupart des disciplines privilégient la puissance. En passant au stade professionnel, le rugby est devenu plus agressif, plus rapide. Les nouveaux joueurs de tennis ont gagné dix centimètres par rapport à la génération précédente et envoient des aces à 250 km/h ; au football les "qualités physiques" ont pris le pas sur la tactique.

Pour augmenter leur puissance, les athlètes subissent des entraînements de plus en plus intensifs. Et lorsque les phases de récupération deviennent insuffisantes, on parle alors de surentraînement. Le sportif devient irritable, perd l'appétit, sa tension artérielle et son rythme cardiaque augmentent même au repos, il connaît des troubles du sommeil, et une hypersensibilité aux infections.

Le sportif de haut niveau soufre fréquemment de nombreuses carences (vitamines et minéraux par exemple) qu'il convient de compenser par un apport supplémentaire. Mais le sport à haute dose induit également un déficit de production hormonale (progestérone et en oestrogènes chez la femme, en testostérone chez l'homme).
Et pourtant, les produits hormonaux sont catégoriquement interdits par l'agence mondiale antidopage. Une incohérence dénoncée dans un rapport du Comité Consultatif National d'Ethique pour les sciences de la vie et de la santé.

Les jeunes premiers touchés

Les carences hormonales touchent particulièrement les sports exigeant un entraînement intensif tôt chez l'enfant (gymnastique, natation, tennis). De fait, 90% des gymnastes féminines de compétition souffrent de troubles du cycle menstruel (aménorrhée), et même parfois de stérilité.

Au contraire, durant les premiers mois de grossesse, les performances des sportives sont "dopées" naturellement, car les femmes enceintes produisent plus de nandrolone (un anabolisant) que la normale.

Certains entraîneurs peu scrupuleux de l'ex-URSS n'auraient ainsi pas hésité à mettre enceintes leurs athlètes pour les compétitions, avant de les faire avorter. Bref, la limite entre soin et dopage semble ici bien ténue.

Les produits dopants sont le plus souvent des médicaments détournés de leur usage thérapeutique. Mais certains dopants sont fabriqués "sur mesure", ou même dérivés de produits vétérinaires.

Malgré le danger, certains sportifs sont prêts à tout pour améliorer leurs performances. 

Associations dangereuses

L'usage combiné des plusieurs produits est devenu la règle, que ce soit pour bénéficier de la synergie des effets, masquer l'usage d'une substance par une autre, ou atténuer des effets secondaires gênants. Les anabolisants sont par exemple fréquemment utilisés en parallèle avec l'hormone de croissance.

Or les interactions médicamenteuses sont parfois mal connues, et peuvent conduire à des accidents graves. Sans compter les prises un peu aléatoires : "Un jour, je me suis trompé dans les doses avec des hormones pour bétail. Je suis resté paralysé trois jours.Ca m'a passé le goût du dopage", explique ainsi un repenti (L'Equipe magazine, n°731).

Chez les sportifs de haut niveau, des médecins complaisants font également un usage détourné de la justification thérapeutique, qui autorise la prise de médicaments interdits dans certains cas.

Vitamines, perfusions, et chirurgie

Pour certaines pratiques, on est à la limite du dopage. Outre les classiques cocktails de vitamines, et les compléments alimentaires, d'autres méthodes sont nettement plus lourdes. La réhydratation par perfusion intraveineuse permettrait ainsi de gagner 12 heures de récupération. Certains athlètes subissent des opérations chirurgicales "de confort", par exemple les opérations du nez destinées à améliorer le flux aérien.

Amphétamines, stéroïdes, anabolisants, cannabis, EPO, hormone de croissance... Quelles sont les principales substances dopantes et leurs dangers ?

Manipulations chimiques

De plus en plus perfectionnés, les produits dopants sont parfois fabriqués sur mesure par des laboratoires peu scrupuleux.

En juin 2004, l'agence antidopage américaine reçoit ainsi un paquet anonyme contenant un produit inconnu. Selon l'expéditeur, ce produit lui aurait été fourni par un laboratoire américain, Balco. Les analyses révèlent qu'il s'agit d'un dérivé d'une molécule, la gestrinone, qui est elle bien connue pour ses propriétés pharmacologiques (on l'utilise notamment en gynécologie). Mais jamais ce dérivé n'avait été observé auparavant.

Finalement nommé tetrahydrogestrinone ou THG, ce stéroïde fait désormais partie des produits interdits par le Comité international olympique. Mais cette affaire illustre bien le train de retard des contrôles scientifiques.

Pour les autorités de lutte anti-dopage, l'AMA et les Fédérations sportives en tête, les contrôles sont de plus en plus efficaces et dissuasifs. Jean-Marie Leblanc directeur du Tour de France, déclarait ainsi après le contrôle positif de Floyd Landis [en 2006] : "On a envie de se battre. Nous avions dit que nous avions gagné une bataille, mais pas la guerre. Il va falloir être fou pour continuer à tricher".

Dopage et football
Le foot : peu de cas de dopage... car peu de contrôles.

Des nouveaux produits indécelables

Et pourtant, la guerre semble bien loin d'être finie. Car modifier un produit pour le rendre indécelable tout en gardant ses propriétés, ce n'est pas très compliqué. En 2002, une molécule interdite, la norboléthone, a ainsi été modifiée en 7-dehydro-genabol, indétectable aux contrôles. Et il existerait 11 autres modifications possibles, toutes indécelables à moins de faire un test spécifique.

Et c'est là que la faille réside : les tests ne dépistent que des molécules déjà interdites, dont le profil est connu en chromatographie. Comme certaines molécules n'ont encore jamais été synthétisées, on ne dispose pas de profil de référence. Au mieux, on a des soupçons, mais rien qui puisse faire office de preuve tangible.

"Les contrôles ne servent qu'à labelliser propres les tricheurs", dénonce Jean-Pierre de Mondenard, médecin et auteur du Dictionnaire du dopage (éditions Masson).

"Les contrôles ne servent qu'à labelliser propres les tricheurs"

Car même avec des produits connus, échapper aux contrôles est assez simple pour les sportifs bien renseignés. Pour l'EPO, par exemple, ils font des cures et s'arrêtent trois jours avant la compétition [l'EPO n'est plus détectable après 48h]. Et pendant la compétition, ils se contentent d'1/3 de la dose normale, un taux lui aussi indétectable.

Des progrès malgré tout

Malgré tout, les contrôles font des progrès notables. Aujourd'hui, pendant les courses cyclistes, 280 molécules sont recherchées dans les urines, sans compter les tests sur le sérum et les contrôles sanguins. Les tests sur la testostérone, à laquelle Floyd Landis a été contrôlé positif, sont pratiquement sûrs à 100%.

On ne se contente plus de mesurer le rapport testostérone/épitestostérone (considéré comme anormal si il est supérieur à six), mais on y ajoute une analyse par spectrométrie de masse isotopique du carbone, pour détecter l'apport exogène de testostérone. Cette technique supplémentaire permet en outre une fenêtre de détection plus longue après la prise du produit.

D'après la FIFA, le foot est l'un des sports les mieux contrôlés : 23 000 contrôles par an et seulement 0,33 % de cas positifs. "Quand on ne cherche pas, forcément on ne trouve rien" dénonce l'AMA, l'Agence Mondiale Antidopage. La FIFA se refuse en effet aux recommandations de l'agence : elle se limite au contrôles urinaires, qui ne permettent pas de détecter la prise d'EPO ou d'hormone de croissance par exemple.

Et pourtant, le dopage dans le foot serait monnaie courante, si l'on en croit l'ancien joueur Jean-Jacques Eydelie. D'ailleurs, déjà dans les années 50, les footballeurs prenaient des extraits de glandes surrénales [qui synthétisent des corticoïdes]. La Juventus de Turin, sous le coup de condamnations judiciaires, aurait acheté ces dernières années "pour plusieurs millions d'euros de médicaments" pour ses joueurs.

La FIFA continue cependant d'affirmer que son sport n'est pas touché par le dopage. Elle refuse toujours de communiquer sur le numéro vert "Ecoute dopage", mis en place par le ministère de la santé. Ce numéro met à la disposition des appelants des médecins et psychologues du sport.

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