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Planète Bleue
6 octobre 2006

Les planteurs de haies veulent reconquérir les campagnes

M. de La Fontaine en aurait fait une fable : en France, l'arbre forestier a droit à tous les égards mais la haie champêtre souffre. Pourtant, ses avantages sont nombreux et ses partisans aussi. Pour la première fois, les organismes planteurs se sont réunis, du 5 au 7 octobre à Auch (Gers), pour trois jours de colloque au carrefour de plusieurs disciplines environnementales.

L'objectif de cet événement consiste, selon Alain Canet, directeur d'Arbre et Paysage 32, l'association qui accueille la manifestation, à fédérer les énergies pour être mieux reconnu par les pouvoirs publics... et le public tout court. Et à profiter de ces premières rencontres pour parler d'une seule voix : "Certains nous prennent encore pour de doux rêveurs. Aujourd'hui, nous sommes tout sauf cela. Fiers d'un métier que nous avons inventé sur le tas, opérateur en boisement linéaire." Ou si l'on préfère, conseiller en plantation de haie.

Il faudrait même plutôt parler de "replantation" tant les destructions ont été massives : "Dans les années 1980-1990, 500 000 km de haies ont disparu", avance Françoise Sire, directrice de l'association Prom'haies en Poitou-Charentes. Un processus engagé au début du siècle mais qui s'est aggravé avec le développement de l'agriculture productiviste : "Ce désarbrement massif a révélé l'extrême fragilité de nos territoires. Un désastre national", souligne Alain Canet. La résistance s'est organisée mais au gré des volontés locales : "Hors aménagements routiers et fonciers, les replantations effectuées représentent aujourd'hui 10 000 km", relève Françoise Sire. On mesure le travail qui reste à accomplir.

MIEUX QU'UN MUR DE BÉTON

Les motivations des candidats planteurs, agriculteurs et particuliers, communes et entreprises, sont désormais clairement environnementales : "Avant, le rôle brise-vent de la haie, l'amélioration du paysage et du cadre de vie étaient mis en avant, observe Françoise Sire. Aujourd'hui, les planteurs ont le souci de la biodiversité, de la qualité et de la circulation de l'eau, de l'érosion des sols..." Motivés mais pas forcément experts : "D'où le rôle essentiel de conseil en boisement, insiste Alain Canet. Au début, des erreurs ont été commises. Aujourd'hui, on ne plante plus n'importe quoi, n'importe où, dans n'importe quelles conditions."

Les agriculteurs, premiers intéressés, ne sont pas forcément les premiers convaincus. Dans sa ferme pédagogique d'Auch, vitrine d'une agriculture "moderne et responsable", l'éleveur bio Nicolas Petit résume l'enjeu : "Il faut perdre un peu pour gagner beaucoup. En replantant des haies, 3 kilomètres en quatre ans, je maintiens les écosystèmes indispensables, explique-t-il. Et, en plus, c'est rentable à long terme." Protéger des animaux, prévenir l'inondation, tenir un talus, restructurer un chemin, protéger un bâtiment : "Pour tous ces besoins, mieux qu'un mur de béton, la réponse, c'est la haie champêtre."

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