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Planète Bleue
22 février 2007

Le coût des programmes ;o))

L'OFCE lancera jeudi un manifeste pour dénoncer la frénésie du chiffrage qui a fait irruption dans la campagne présidentielle. Pour LEXPRESS.fr, son directeur adjoint, Xavier Timbeau, explique le sens de sa démarche

Jean-Paul Fitoussi, président de l'Observatoire français des conjonctures économiques, et l'un de ses directeurs, Xavier Timbeau, lanceront jeudi un manifeste pour dénoncer la frénésie du chiffrage qui a fait irruption dans la campagne présidentielle. Interview

Le chiffrage des programmes présidentiels n’est-il pas nécessaire pour éviter la démagogie
Bien sûr, il est important d’évaluer les mesures proposées par les candidats. Mais ce n’est pas toujours facile. Les économistes qui se lancent dans cette aventure cherchent le coût de mesures dont on ne connaît pas le détail. Prenez l’exemple de la sécurité sociale professionnelle. C’est une réforme qui devra impérativement être négociée avec les partenaires sociaux, puisqu’elle doit s’articuler avec une refonte de l’assurance chômage. Or on ne sait pas ce qui va sortir de cette négociation. Cela donne toujours des ordres de grandeur…

Parce que c’est difficile, il faudrait renoncer ?
La difficulté d’évaluer financièrement les propositions n’est pas le plus important dans nos réserves à l’égard de cette mode du chiffrage. Même si ce n’est pas toujours apparent, les propositions des candidats ne peuvent pas être davantage que des orientations, car elles seront mises en œuvre dans un contexte qui n’est pas prévisible. En 1981, la rigueur ne faisait pas partie des 110 propositions du candidat Mitterrand. Ce fut pourtant la mesure la plus importante de son premier mandat. Les candidats sont unanimes à vouloir s’attaquer à la dette. Très bien. Mais si on ne sait pas quelle sera la croissance dans les années qui viennent, il est impossible de savoir de quelle marge de manœuvre on va disposer, et donc de dire par avance quelles seront les priorités.

Quel peut être le rôle des économistes dans la campagne, si on les empêche de chiffrer les programmes ?
Il ne faut pas confondre l’élection présidentielle et le vote d’un budget. L’élection présidentielle, c’est le choix d’une société. Un candidat est sur une ligne plutôt libérale, basée sur la baisse des prélèvements obligatoires pour les entreprises comme pour les particuliers. L’autre met l’accent sur l’accompagnement social des personnes sans emploi, sur le pouvoir d’achat, la relance par la consommation. Ce n’est pas la même chose. Mais là dessus, les économistes sont tout sauf unanime . Il y a de grands débats entre nous pour savoir si telle ou telle philosophie est efficace. Il ne faut pas escamoter ces débats et laisser croire, en ne disant rien de compliqué, que tout est contraint . Le chiffrage actuel, c’est le retour de la pensée unique. Sous couvert d’objectivité, on s’interdit d’essayer de nouvelles politiques. C’est une attitude très conservatrice. En gros, les chiffreurs sont là pour dire aux candidats qu’ils n’ont qu’une petite marge de manœuvre et leur demander ce qu’ils comptent en faire. En sortant des coûts astronomiques, ils décrédibilisent les programmes et occultent les vrais débats sur le choix de la société que nous voulons. Or c’est ce choix qui va peser sur la croissance. Ils veulent nous faire croire qu’il y a une vérité révélée en économie. Ce n’est pas vrai.

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