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Planète Bleue
22 février 2007

La course à l'extrême maigreur inquiète

rop maigres et trop jeunes ? A la veille des défilés de prêt-à-porter à Paris, du 25 février au 4 mars, la silhouette des mannequins va être examinée avec attention. Un groupe de travail, créé le 25 janvier par Xavier Bertrand, ministre de la santé, et présidé par le pédopsychiatre Marcel Rufo, doit "proposer sous deux mois un cadre d'engagement collectif et volontaire portant sur la publicité, la mode et l'apparence du corps".

Fin 2006, le décès d'un mannequin brésilien anorexique de 18 ans et la fixation de l'indice 18 de masse corporelle (56 kg pour 1,75 m) minimum, pour défiler en Espagne et en Italie, ont déclenché un débat sur la maigreur excessive. Certains estiment que ces images, abondamment véhiculées par les médias, ont une influence sur le comportement alimentaire des jeunes filles.

Dans les milieux les plus concernés, les couturiers et les photographes de mode sont les moins diserts. On se contente d'indiquer que l'important est que les filles soient... belles et photogéniques. "C'est aux spécialistes de la santé de dire ce qui est bon ou mauvais. A propos du pouvoir et de l'influence de la mode, on est dans un discours très subjectif", commente Didier Grumbach, président de la Fédération française de la couture.

Les responsables des agences de mannequins pratiquent un peu moins la langue de bois. Tout en estimant que le phénomène est minoritaire, ils font l'analyse suivante. "Après les top models des années 1980 - Claudia Schiffer ou Linda Evangelista - qu'on regardait quelquefois plus que le vêtement qu'elles présentaient, les couturiers ont peut-être recherché des physionomies plus anonymes et plus androgynes", analyse Martine de Menthon, styliste.

Une tendance qui a coïncidé avec d'autres phénomènes, comme l'arrivée des mannequins de l'Est (Russie et Biélorussie, notamment), grandes et élancées, ainsi que celle de filles de plus en plus jeunes et à peine pubères, même si, en France, les moins de 16 ans n'ont pas le droit de participer à un défilé. "Dans les années 1980, on débutait à 18-20 ans, aujourd'hui, certaines commencent à 16 ans, voire à 14 ans, en Italie par exemple. C'est catastrophique, car ces jeunes filles abandonnent l'école et n'y retournent pas trois ou quatre ans plus tard, ce qui est souvent la durée d'une carrière", constate Patricia, ancien mannequin et aujourd'hui directrice de casting à l'agence La mode en images.

La sélection est permanente, la rivalité mondiale. Dans une étude britannique, publiée par The Independant, un mannequin déclare : "Notre seul pouvoir est celui de se mettre au régime." En ce qui concerne le rapport à la nourriture, ceux qui fréquentent le "backstage", ces coulisses où les mannequins se préparent avant de se lancer sur le podium, pourtant l'affirment : la plupart d'entre elles mangent. Difficile d'ailleurs d'imaginer qu'elles pourraient assurer jusqu'à 80 défilés en une semaine, au rythme de 12 heures de travail par jour, sans se sustenter. Une nourriture, pas toujours très diététique, absorbée à la va-vite entre deux essayages ou dans la voiture qui conduit d'un défilé à l'autre. Il se murmure que certaines se feraient vomir. D'autres reconnaissent que, la semaine qui précède les collections, elles font un régime pour retrouver la taille mannequin.

Alors, cette maigreur excessive des mannequins relèverait de l'exagération journalistique ? Pas tout à fait, puisqu'à Madrid, début février, cinq mannequins ont été à nouveau interdites de défilé pour cause de masse corporelle insuffisante. Certains reconnaissent qu'il y a eu des abus et que certains créateurs, comme Balenciaga ou Lagerfeld, ont un moment été tentés par ces allures filiformes pour la présentation de leurs modèles. Mais il s'agirait d'un phénomène minoritaire. Les milieux de la mode préfèrent pointer les silhouettes osseuses des "people", telles les Américaines Paris Hilton ou Nicole Richie, abondamment photographiées par les magazines.

Les médecins, eux, estiment qu'un palier supplémentaire a été franchi dans "la course à la minceur". "On constate un rajeunissement des cas d'anorexie et une apparition de cette maladie dans des endroits du monde où elle était inconnue. Même s'ils n'en sont pas la seule cause, les facteurs d'environnement, comme la mode, jouent. Par ailleurs, la sous-alimentation que suppose l'extrême maigreur a des conséquences sur la puberté, notamment", explique le docteur Marie-France Le Heuzey, pédopsychiatre, spécialiste de l'anorexie.

Dans son numéro du 29 janvier, le magazine Elle a publié 8 pages titrées "Toutes en rondeurs". Une tentative pour exorciser la maigreur ?

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