La déforestation de la planète suit un rythme alarmant
a déforestation de la planète continue à un rythme alarmant : 13 millions d'hectares (l'équivalent de la superficie de la Grèce) sont détruits chaque année. De 1990 à 2005, le monde a perdu 3 % de son couvert forestier (- 0,2 % par an). Mais, pour la première fois, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui a publié, mardi 13 mars, son rapport biennal sur la situation des forêts dans le monde, met en relief quelques "tendances positives" dans ce sombre bilan.
Dans la région de Kiffa, dans le sud de la Mauritanie, une zone désertique qui se reboise depuis 2002. |
"La situation reste mauvaise, résume Jan Heino, sous-directeur chargé des forêts de la FAO. Mais nous notons des progrès. Nous espérons que ces exemples pousseront tous les gouvernements concernés à agir." Les contrastes entre continents sont violents. Les forêts prospères - stables ou en expansion - se situent en Amérique du Nord, en Europe, et, pour la première fois depuis plusieurs décennies, en Asie. La politique de reboisement à but commercial menée en Chine (et dans une moindre mesure en Inde) compense les taux de déforestation élevés d'autres pays (Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée).
ESPÈCES ENVAHISSANTES
En Asie du Sud-Est, en Afrique, et en Amérique latine, la déforestation continue en revanche à un rythme "très préoccupant", selon la FAO. Or ces forêts sont précieuses. "On ne peut pas mettre sur un même plan la progression de plantations qui privilégient une ou deux espèces à croissance rapide, et n'ont aucun intérêt sur le plan de la biodiversité, et la destruction de zones tropicales très riches, qui se poursuit à un rythme très élevé", affirme Ludovic Frère, chef de l'unité biodiversité chez Greenpeace, contestant les motifs d'optimisme de la FAO. Au total, 6 millions d'hectares de forêts primaires sont perdus ou modifiés chaque année.
L'expansion des terres agricoles et l'exploitation commerciale - légale ou non - sont les principales causes de destruction. "Les forêts et la population souffrent de méthodes d'exploitation menant à la destruction et au gaspillage", affirme le rapport. Ces pratiques persistent "en raison de considérations économiques et d'une absence de prise de conscience". La superficie de forêts certifiées - respectant certaines règles liées l'environnement - a certes progressé (7 % au total), mais celles-ci se trouvent dans les pays développés. "L'objectif initial, la lutte contre la déforestation tropicale, n'a pas été atteint", relève la FAO.
Dans les pays en développement, le bois est également la principale source d'énergie. La FAO met l'accent sur une autre menace sur la biodiversité des forêts : l'introduction d'espèces envahissantes, favorisée par le commerce international.